Article paru dans le journal « Dos aux Murs » N°1
44 % des logements du centre-ville de Saint-Denis sont considérés comme « fortement dégradés ». Peintures au plomb, infiltrations, humidité, affaissements… souvent, les propriétaires et les sociétés immobilières, en recherche de profit à court terme, ne cherchent qu’à encaisser les loyers (de plus en plus élevés) sans faire les travaux nécessaires et laissent les immeubles se dégrader. Ils/Elles n’ont rien à faire de la dignité des habitant.e.s et de leur sécurité matérielle.
Après l’incendie meurtrier du 39 rue Gabriel Péri et sa forte médiatisation, de nombreux.ses politicien. ne.s ont joué les indigné.e.s déclarant qu’« Il faut éradiquer les logements insalubres ». Rapidement, le maire a envoyé une lettre à tou. te.s les habitant.e.s dans laquelle il présente le plan de rénovation du centre ville, le PNRQAD, comme la solution. Il faudrait même l’accélérer.
D’après ce plan, 189 logements doivent être détruits et 1200 devraient être réhabilités, de manière plus ou moins lourde, principalement dans les quartiers Gare/ Brise-Echalat et Porte de Paris/Résistance.
Le maire réclame le droit de contraindre les propriétaires à faire les travaux. Mais ce qu’il ne dit pas, c’est que souvent ces travaux veulent dire expulsions sans relogement pour les habitant.e.s de ces immeubles. La lutte contre l’insalubrité, légitimée par l’incendie du 39 Gabriel Péri, risque de servir de prétexte à l’accélération des expulsions de logements.
Après l’incendie du squat de la rue Hoche à Pantin en septembre 2011 qui avait fait 6 morts, la préfecture du 93 avait pris ces morts comme prétexte pour lancer une vague d’évacuation de squats, à chaque fois « pour le bien et la sécurité des habitant.e.s »… Après leur expulsion, les habitant.e.s du 11 rue Dezobry et du 76 rue Gabriel Péri avaient passé l’hiver dehors ou étaient contraint.e.s de déménager d’un hôtel à un autre.
Cette année, au pied du 39 rue Gabriel Péri, le ministre de l’intérieur Manuel Valls a déclaré : « il faut en finir avec cette misère, cette insalubrité, ces squats qui piègent des pauvres gens ». Mais de qui parle-t-il, plein de mépris et de pitié hypocrite dans la bouche ? Que propose-t-il pour en finir avec la misère et la crise du logement, à part la police ? Le partage des richesses, l’abolition de la propriété privée et la réquisition des immeubles vides… Ou bien des cars de CRS ?
Il faut rénover, certes, mais les rénovations s’accompagnent d’expulsions, de déplacements de population et d’une épuration sociale. Lorsqu’il y a relogement des ancien.ne.s habitant.e.s, c’est souvent de manière temporaire dans un hôtel à l’autre bout de la région parisienne. De plus, les personnes sans papiers ou les célibataires sont laissé.e.s de côté. Les expulsé.e.s ne sont jamais relogé.e.s sur place, et ne profiteront pas des nouveaux immeubles, qui, de toute façon, ne leur sont pas destinés. Ne nous trompons pas : face à la misère et aux expulsions qui se multiplient, le PNRQAD n’est pas LA solution, il en est l’accélérateur.