Article paru dans le journal « Dos aux Murs » N°1
On comprend mieux aujourd’hui l’empressement et la violence avec lesquels Plaine Commune Développement a fait expulser en mars dernier des mallogé. e.s occupant un bâtiment laissé volontairement vacant, chemin du Cornillon, pendant que des personnes mourraient de ne pas pouvoir se loger !
Un tout autre projet animait la société d’économie mixte : le même mois était signé l’accord avec l’État et la Fédération française de natation pour lancer les travaux du centre aquatique olympique d’Aubervilliers. Voilà donc ce qui justifiait ces expulsions : un complexe nautique pour élite sportive recouvrant 4 hectares, qui devrait être inauguré début 2016. Ce projet était initialement prévu dans le cadre de la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2012, bouffonneries auxquelles nous avons échappé de justesse.
L’idée n’a pour autant pas été abandonnée, les élus locaux poussant malgré tout à sa réalisation. Consécration de l’olympisme, du fric, des valeurs de concurrence et de compétition, ce projet démesuré de 70 millions d’euros sera financé par la collectivité, dont Plaine Commune à hauteur de 13 millions. Anticipant cet accord, Plaine Commune Développement, bien plus préoccupée par l’image du territoire auprès des investisseurs que par le bien-être des habitant.e.s, a sournoisement commencé son travail d’expropriation et d’expulsion depuis quelques années déjà et vidé de ses habitant.e.s l’ancien quartier populaire dit « des Espagnols », situé à cheval entre les communes de Saint-Denis et d’Aubervilliers.
À défaut de vouloir répondre aux réels besoins sociaux et économiques de ses habitant.e.s, on les dégage et on fait diversion. Faut qu’ça brille ! Et pendant que des équipements de quartiers sont laissés à l’abandon (comme la piscine de Saint-Denis) Plaine Commune mange dans la main de l’État et continue le saccage des quartiers. Pas besoin d’être devin pour prédire que ce complexe ne profitera en aucun cas à la population, mais bien à un plan d’urbanisme qui prévoit de vider les quartiers de ses pauvres au profit d’équipements bling-bling attirant une nouvelle bourgeoisie. Les récents désastres, économiques et écologiques du centre commercial Le Millénaire à Aubervilliers (le maire Salvator allant même jusqu’à lancer des appels publics pour plus de fréquentation et autoriser l’ouverture du dimanche, heureusement annulée par décision de justice) ou de la ridicule Cité du cinéma à Saint-Denis (dernier caprice du millionnaire Luc Besson qui n’attire pas une mouche cinéphile) ne semblent pas suffire à calmer la mégalomanie des gros bonnets du coin.
À moins de quelques grains de sable dans les rouages de l’olympisme, nul doute que ce centre aquatique sera inauguré en grande pompe, en temps et en heure, pendant que les habitant.e.s iront crever ailleurs !
« Un équipement d’une telle envergure a de quoi intéresser du monde, GDF-Suez, Veolia, Vinci, Bouygues. » Jacques Salvator, maire d’Aubervilliers