Violences policières, « rénovation urbaine » et contrôle social
Refusons d’être le laboratoire de leurs politiques sécuritaires !
En 2012, en France, l’action de la police a entraîné la mort d’une personne tous les 15 jours. Les violences policières, expressions d’une répression sociale et raciale, font partie du quotidien de nombreux quartiers populaires, sans que l’État ne trouve d’autre excuse que la nécessaire « gestion » de la population qu’il a volontairement parquée, privée d’infrastructures sociales, dans des zones à la périphérie des villes. Harcelées au quotidien, noyées, étouffées, abattues par balle, mises en danger par des courses-poursuites, la liste des victimes de cette violence s’allonge sans cesse : Abou Bakari Tandia (2004, Courbevoie), Bouna et Zyed (2005, Clichy-Sous-Bois), Lakamy et Moushin (2007, Villiers-le-Bel), Lamine Dieng (2007, Paris 20e), Ali Ziri (2009, Argenteuil), Mamadou Marega (2010, Colombes), Amine Bentounsi (2012, Noisy-le-Sec), parmi bien d’autres…
Alors que les familles s’organisent pour demander la vérité sur ces morts et que des collectifs de soutien se forment autour d’elles, la justice excuse les actions de la police et confirme son « droit de vie et de mort » dans les quartiers. De manière plus insidieuse, les villes se modèlent et se « sécurisent » pour perpétuer l’exclusion sociale et le fantasme de populations dangereuses qu’il faut repousser toujours plus loin dans le territoire urbain, qu’il faut réguler et surveiller sans cesse.
Les violences policières, trop souvent prises hors de leur contexte et qualifiées de simples « bavures », sont en réalité liées à toute une organisation urbaine et sociale fondée sur le mythe de la « sécurité ». Les expulsions des camps de Rroms à Saint-Denis, les immolations et suicides, tels ceux qui ont touché des femmes des Francs-Moisins, les rafles de sans papiers, les expulsions constantes et les violences de l’école sont les conséquences d’une même logique visant à contrôler totalement l’espace urbain, à le vider de sa vie et de ses liens de solidarité. La création de nouvelles Zones de Sécurité Prioritaires, le développement de la vidéosurveillance (Epinay-sur-Seine est en passe de devenir une des villes les plus vidéosurveillées de France avec une caméra pour 386 habitant.e.s), la mise en place d’antennes de commissariat aux abords de certaines gares, révèlent que l’étau se resserre autour des habitants des quartiers.
L’État, relayé par les médias, nous parle de mafia de la drogue, de délinquance et d’insécurité croissante pour justifier ses politiques de nettoyage de la ville : occupation des rues par la police, plans de rénovation, expulsion et déplacement de populations de plus en plus loin de Paris. On ne nous fera pas oublier que les violences les plus dures, vécues au quotidien par les habitant.e.s, sont celles d’un système économique et social excluant des catégories entières de la population. C’est ce système que la police défend en n’hésitant pas à tuer et instaurer une peur censée prévenir toute révolte.
Du 12 au 14 décembre 2012 se tiendra au Stade de France le Forum Européen pour la Sécurité Urbaine. Accueilli par les villes de Saint-Denis et d’Aubervilliers, le Forum aura pour thème « Sécurité, Démocratie et Villes : le futur de la prévention ». Sous couvert de parler de « prévention », des délégués de toute l’Europe se réuniront pour échanger leurs expériences (et leurs contacts en vue de collaborations financières) sur la gestion sécuritaire des villes.
Pour répondre à cet événement et montrer que nous ne sommes pas dupes des conséquences fatales de la « sécurité urbaine », nous vous proposons de nous rejoindre le 12 décembre à Saint-Denis. Par ce rassemblement, nous souhaitons nous réapproprier l’espace urbain, prendre la parole et échanger sur les thèmes des violences policières, des nouvelles technologies au service de la pacification sociale, des révoltes urbaines, des expulsions, surveillances et nettoyages des villes, etc…
Manifestation le 12 décembre à Saint-Denis
RDV 19h devant la Basilique (M 13 / Basilique de st-denis)