Article paru dans le journal “Dos aux Murs” N°2
Le centre nautique prévu à côté de la gare RER La Plaine Stade de France est devenu un serpent de mer. Dans le précédent numéro, nous avions déjà parlé de ce projet de construire une piscine olympique avec deux bassins de 50 m destinée à l’équipe nationale de natation. Mais dans le contexte économique actuel et sans les jeux olympiques, aucune institution ne veut finalement allonger l’argent qu’il manque pour sa construction et surtout pour son entretien.
Depuis longtemps maintenant les habitant.e.s qui résident encore sur le site prévu pour sa construction attendent de savoir à quelle sauce ils vont être mangés. Ils ont d’abord vu les usines et les entrepôts détruits et les terrains laissés vides. Puis il y a 3 ans, les services sociaux sont venus enquêter, recenser les locataires et les propriétaires, mesurer les terrains… A l’époque il avait été formulé des premières propositions de préemption à des prix ridicules, par exemple : 65 000 euros pour une maison ouvrière, avec 240m² de terrain, achetée dans les années 70, à l’époque où le quartier était l’une des plus grosses zones industrielles d’Europe. Après cette première offre, plus de nouvelles.
Mais maintenant que la place est quasiment vide, Plaine Commune et la municipalité de Saint-Denis ne vont pas s’arrêter en si bon chemin. Finalement on se dirige vers la construction d’immeubles d’habitation : HLM ? Privé ? Un mélange des deux ? Nous n’en savons rien. Ce qui est sûr, c’est que tout le monde va quand même se faire virer.
La procédure d’expropriation a été lancée pour toute l’impasse Michel. Un accord semble avoir été trouvé avec les propriétaires de celle-ci. Mais l’un d’entre eux est manifestement un marchand de sommeil louant à des prix exorbitant des chambres à de nombreuses personnes dans un immeuble et de petites cahutes à côté. Nous ne savons pas si les locataires vont être relogés à Saint-Denis ou ailleurs, ce qui est sûr c’est que seul.e.s celles et ceux qui avaient été recensé.e.s il y a 3 ans sont pris.e.s en compte. Pour les autres arrivé.e.s depuis : rien. Aux dernières nouvelles ces locataires n’étaient toujours pas au courant qu’ils allaient devoir déménager sous peu.
Rue Henri Murger Prolongée, juste derrière, la procédure n’est pas lancée mais les habitant.e.s se font du souci. Propriétaires, ils ne se satisfont pas des propositions qu’avait faites la mairie à l’époque des premiers contacts. Ils ne veulent pas quitter ce quartier où ils ont passé une bonne partie de leur vie. Pour la plupart retraités modestes, ils ne pourront pas racheter un logement équivalent au leur, ils ne peuvent accéder à la location privée, et pour certains même le relogement dans des HLM est difficile. Ils sont dans les catégories les plus pauvres avec des statuts particuliers. La mairie se flatte ainsi d’avoir un programme spécial de quelques logements d’insertion (normalement destinés aux sdf), pour pouvoir enfin reloger certains habitants du quartier Cristino Garcia sur place. Mais pour ces quelques places, combien ont dû et devront s’exiler à des kilomètres ?